Re: Que lisez-vous en ce moment?

[Diane]

"Le chameau sauvage"
Philippe Jaenada

J'ai vraiment vraiment aimé cette lecture et pour moi c'était découverte de cet auteur, une belle découverte. Halvard Sanz est un être à qui tout peut arriver, un gaffeur incroyable et différent des célèbres gaffeurs comme Lagaffe ou Richard. C'est un livre à la fois profond et drôle, d'une lecture agréable je le redis, il m'a fait rire souvent, il est juste juste tout près du bon sens mais pas dedans, point de départ mine de rien, tout l'amène dans des situations hilarantes, pourtant un moment tout change et commence une histoire d'amour différente bien sûr, il n'est pas seulement drôle, il y a une sorte de poésie dans cette lecture, de la vie, des situations incroyables aussi; dépeindre une histoire d'amour avec tellement de magie entre l'être primitif qu'il est et la "mystériosité" de Pollux. Bref Sanz est en quête de soi, mais c'est d'un agréable à lire, je tél. de suite à mon libraire pour me commander un autre Jaenada.

4" couverture:
alvard Sanz est un gentil garçon. Signe particulier : doué pour les catastrophes en série. Il y a des gens qui n'ont pas de chance, mais qui, genoux à terre, toujours se relèvent. Halvard est de ceux-là. Quête initiatique, roman picaresque, amour allégorique, loufoques aventures servies par une verve intarissable... Mais le chameau sauvage dans tout ça? Quand vous en connaîtrez le principe, comme Halvard, vous verrez la vie differemment.

[Danielle]

Le livre habite toujours en moi. Et aussi la tête de l'auteur, bon diou, quelle tête spéciale.
Les époques se chevauchent tout le long du roman en flash back. C'est un roman noir, triste, dur, dur, dur à lire a certaines périodes.
Choisir son rêve inaccessible, plus on découvre le passé et plus on comprend l'ignominie d'Aliide, cette femme qui à l'origine a été meurtrie pose des gestes monstrueux, impardonnables. La force de ce roman est de ne pas nous la rendre tout à fait antipathique.
Ce roman nous met en lumière un endroit souvent oublié.

Bref c'est un coup de coeur. J'ai lu de très mauvaises critiques et pourtant moi j'ai aimé beaucoup.

On joue sur 60 ans d'histoire de l'état Estonien partagé entre le joug allemand et soviétique. C'est un hommage à la femme persécutée, à la résistante des années 40 jusqu'à maintenant, femmes violées, persécutées par les soldats russes.

On ne se sort de cette lecture que difficilement, la tête remplie a ras bord des personnages, des époques...

Beaucoup de gens n'ont pas aimé. Je les comprend, c'est aride à lire.

Je reviens sur ce livre...que j'ai lu maintenant.

Je l'ai trouvé passionnant, j'ai aimé cette déconstruction du temps, on commence en 1992 en Estonie indépendante, avec Zara la "russe" et Aliide, on remonte dans l'Estonie soviétique avec Hans, le beau frère d'Aliide...Petit à petit on comprend ce qui s'est passé, les liens entre les personnages, l'horreur des époques. Trahir par amour, croire aux mirages du libéralisme moderne.

Une construction exigeante pour le lecteur, une histoire dure, des personnages très marqués, des scènes d'une crudité et d'une violence terribles..

cette femme qui à l'origine a été meurtrie pose des gestes monstrueux, impardonnables.

Cette femme est dure, oui, elle a subi l'horreur du viol, le sien et ceux auxquels elle a assisté, elle a voulu se protéger par la suite et d'une certaine façon sauver la vie.

Quelles horreurs on fait subir aux femmes, partout, toujours.

Un regret ne pas savoir ce que va devenir Zara finalement..

Je n'ai pas lu de mauvaises critqiues pour ma part.

A relire je pense de peur d'avoir raté certaines choses. J'ai appris des choses intéressantes aussi sur ce "petit pays balte" peu connu. Après Tchernobyl, leurs produits agricoles sains allaient à Moscou et on leur faisait manger les produits radio actifs venus d'Ukraine.

Les dictatures, la guerre et l'argent facile ont cela de terrible qu'ils entraînent le mépris des peuples et rendent certains humains totalement inhumains.

[Diane]

"Les excenetriques"
Michel Dansel.

Selaon l'auteur (et je suis bien d'accord) les excentriques sont là pour embellir le monde. Ma première déception qui s'est changée par la suite en satisfaction, est un peu la façon de décrire les excentriques, par ordre alphabétique. Ensuite c'était oké parce qu'on s'y retrouve plus facilement mais ça n'est pas le genre de lecture que j'aime.

On ne reconnaît pas les excentriques à leurs cheveux rose fluo par exemple...ils sont difficiles à repérer du premier coup d'oeil. J'adore la démarche folles des excentriques, ils donnent le ton à la modernité. Un monde sans excentriques serait pris en pain et ennuyant à mourir. On a besoin de ces novateurs là.
J'ai aimé malgré ma déception de voir un petit dictionnaire des excentriques rendant la lecture moins humaine.

4" couverture:
Fous ? Marginaux ? Exhibitionnistes ? Malades mentaux ? Mais qui sont donc les excentriques ? Le présent volume répond à toutes les questions que l'on se pose au sujet de ces créateurs, inventeurs, novateurs, artistes à la démarche émancipatoire, de ceux que l'on considère comme des fous littéraires », de ces autres dont on juge l'esprit bizarroïde, des hallucinés magistraux, qui font connaître à leurs rêves insensés un prolongement dans la réalité, des grands déboîtés de la vie quotidienne, enfin, qui préfèrent caracoler sur les talus de l'insolite plutôt que d'évoluer sur les chemins de la norme.


Fresque fourmillant d'histoires et d'anecdotes baroques, inattendues, invraisemblables, croustillantes sur la face cachée et le jardin secret de certains personnages, anonymes ou célèbres, d'hier, d'aujourd'hui — voire de demain —, cet ouvrage ne s'attarde guère sur les cas qui relèvent de la justice ou de la psychiatrie lourde mais prend plus volontiers en compte les excentriques positifs ». Il n'oublie pas les intermittents de l'excentricité, ceux qui, par un acte, une parole, une posture, ont franchi les portes de la bienséance et du convenu pour se poser l'espace d'un instant dans un monde autre, différent, incompréhensible, inaccessible au plus grand nombre.

[Danielle]

Brigitte Giraud : "Pas d'inquiétude".

Je ne l'ai pas lâché, un livre dense, écrit d'une seule traite, pas de chapitre, pas d'aération. Un père raconte la maladie de son fils, tout ce que ça entraîne dans sa vie, le travail, les rapports avec sa femme, sa fille, avec les autres...L'hôpital, l'enfant, le mot de "leucémie" jamais prononcé, pourtant on sait quel est le risque.

Il détaille toutes ses pensées, ses sentiments de manière distanciée, aucun apitoiement, sur un sujet qui pouvait facilement provoquer compassion et larmes. Une seule fois j'ai eu les larmes aux yeux quand ses copains imprimeurs lui font cadeau de jours de RTT pour qu'il puisse rester avec le petit. Là aussi, il trouve à réfléchir, à disserter sur ce geste et ses conséquences. Pour moi, c'était l'exemple de la solidarité du monde ouvrier qui me touche toujours.

J'avais entendu cette info à la télé, c'était un fait réel.

Pour moi, c'est un beau livre, maitrisé, réfléchi, pudique sur les sentiments, l'attitude des personnages face au drame est bien étudiée, les réflexions du père sont passionnantes, même si je n'ai pas toujours été en accord avec lui. L'enfant est lucide, courageux.

Et le livre s'achève sans fin...mais on devine.



Au lieu d’aménager la maison qu’il vient juste de faire construire, le narrateur de Pas d’inquiétude va être contraint de prendre un long congé pour rester près de son fils malade et s’installe avec lui dans un tête à tête fait de gestes et d’actes inédits chaque jour réinventés.
Homme au foyer malgré lui, il s’éloigne de l’imprimerie où il travaille et de Manu, l’ami indispensable, et glisse dans une vie domestique et invisible, pendant que sa femme, récemment embauchée dans une PME, ne peut se permettre aucune absence et n’a d’autre alternative que se dévouer à son poste.
Cette famille ordinaire perd petit à petit ses relations sociales et ses repères, happée par la logique de la maladie qui donne soudain un autre sens à son existence, fait voler en éclat la place de chacun, celle des parents autant que celle de Lisa, la grande soeur, et voit la vie des autres se dérouler à l’extérieur, soudain irréelle et inaccessible. Le jour où les collègues de l’imprimerie donnent chacun de leurs congés pour permettre au père de renouveler les journées qu’il consacre à Mehdi, cet élan de solidarité radical et inattendu bouleverse codes et habitudes, et se pose alors, de manière plus forte encore, la question de l’équilibre entre sphère sociale et sphère familiale.
Tout finit par se nouer autour de ce nouveau temps imparti, inespéré mais qui agit comme un piège, tant il est compliqué de recevoir un tel cadeau. Dans un monde où la solidarité est loin d’être une norme, la générosité des collègues rassure autant qu’elle déstabilise, d’autant qu’ils offrent du temps et non de l’argent.

[Diane]

Me le faut, j'appelle mon libraire pour commander.

MERCI.

[Danielle]

Il me tarde que tu me dises comment tu l'as trouvé.

[Diane]

"La liste de mes envies"
Grégoire Delacourt

Cadeau et cadeau apprécié.
On suit le quotidien de la mercière, tranquille et confortable jusqu'au billet de loterie gagnant acheté presque par politesse envers des amies.
À 47 ans, elle trouvait qu'elle était assez heureuse et a eu très peur que ce billet gagnant vienne chambarder toute sa vie.
Petit roman adorable qui se lit en un seul jour.
Ce petit roman, c'est comme si une amie venait se confier. Au début c'est comme la vie de la mercière, tranquille, lecture un peu harassante parce qu'il ne se passe rien.
Puis il y a un déclic, ça change de ton et ça réveille. Il y a des réflexions sur la crise de la quarantaine, le couple etc.etc.



Pieds nus.
Elin Hilderbrand.

Croyez-le ou non, j'ai embarqué dans ce roman cul-cul si adorable pour commencer une canicule. On y parle de la vie, des épreuves, de Jackson Pollock (que j'aime bien) et d'artistes connus, d'écrivains aussi mais juste des mentions au passage. Pour les grandes chaleurs, un roman qui ne questionne rien, qui nous laisse juste suivre l'histoire remplie de clichés, ça repose...

Description du Point fr.
Voilà un roman qui se lit dans un transat ou sur une serviette de plage, si possible. C'est l'histoire de trois amies au bout du rouleau qui se retrouvent à Nantucket, pieds nus dans le sable. Vicki, mère de famille, vient de découvrit qu'elle avait une maladie. Pour sa soeur, Brenda, c'est la vie professionnelle qui bat de l'aile : elle a dû quitter son poste de professeur à l'université à cause de sa liaison avec un étudiant. Quant à Mélanie, après des années de galère, elle est enfin tombée enceinte, pile au moment où elle découvre que son mari la trompe. Si elles sont là, c'est pour oublier toutes ces blessures, s'évader et goûter à la douceur de l'été. Dans leur petit paradis, elles rencontrent Josh, qui va devenir leur baby-sitter, du moins officiellement. Conseiller sentimental, professionnel et médical, il a vite fait de se rendre indispensable. Une comédie de moeurs légère, douce et moderne : exactement ce qu'il faut pour commencer tranquillement ses vacances.

Pieds nus, d'Elin Hilderbrand (Le Livre de poche, 635 p.)

[Diane]

Bord de mer suivi de Numéro six de Véronique Olmi (J'ai lu)

Petit livre fantastique mais si si si triste aussi. Se lit rapidement et on s'attache immédiatement aux personnages, grande misère, grande détresse psychologique aussi.
Je poste la critique d'un ami sur son blog:
Quel formidable petit livre !
Dans le premier court roman on suit une femme qui, avec ses deux enfants, espère passer quelques jours de détente au bord de la mer. C'est une fuite plus que des vacances. Mais la misère les rattrape et le bord de mer, l'hiver, pour les pauvres, c'est d'une tristesse infinie.
Une histoire d'une beauté et d'une tristesse à couper le souffle !
Dans le deuxième texte, on voit Fanny, cinquante ans, parler de son père centenaire avec une adoration d'autant plus inexplicable qu'au fil du récit on se rend compte que cette famille était loin d'être idéale et que le père adoré était un être ambigu. Héros de la grande guerre puis sympathisant pétainiste. Médecin modèle mais père distant régnant sur une famille nombreuse peu sympathique.
L'écriture de Véronique Olmi est prodigieuse de concision. Ces deux longs monologues sont d'une sensibilité infinie et d'une redoutable mélancolie.
Lisez-le ! Fantasio.

Description:
Un auteur, deux courts romans, sur cette chose si fragile et si merveilleuse, parfois si cruelle : la famille.
Dans le premier, une jeune femme emmène ses enfants voir la mer. Ils ont pris l'autocar de nuit, en plein hiver, et les petits s'inquiètent de rater l'école. La ville est hostile, l'hôtel lugubre, le froid perçant et la pluie tombe sans discontinuer. Mais il faut y croire, coûte que coûte, pour les enfants... jusqu'où ?
Véronique Olmi nous plonge ensuite dans l'intimité de Fanny. Lorsqu'elle est née, elle avait déjà cinq frères et sœurs bien plus âgés. Pour son père, autoritaire et lointain, elle n'est que le numéro six. C'est l'amour de celui-ci qui sera la quête éperdue de la petite fille, de l'adolescente, puis de la femme.

[Diane]

"Le premier amour"
Véronique Olmi
Poche.

Quelle belle écriture et dès le départ je n'ai pas pu arrêter la lecture, je voulais savoir...
Une femme prépare la fête de leurs 25 ans de mariage, chandelles, souper fin etc.etc. et descend à la cave chercher le vin déposé là par son conjoint, mais ce vin est roulé dans un reste de journal sur lequel elle lit une annonce qui lui était destinée et qu'elle ignorait. Elle ferme le four éteint les chandelles et s'en va.
Dès lors je suis captive, c'était quoi? qui?
On prend la route avec elle avec nos multiples questions. C'est assez déroutant et troublant. Il y a aussi Christine comme personnage assez important du livre, la soeur aînée trisomique, assez présente dans le livre. Une histoire pour les cinquantenaires? En tout cas c'est une route à suivre.

4" couverture:
Unefemme prépare un dîner aux chandelles pour fêter son anniversaire de mariage.Elle descend dans sa cave pour y chercher une bouteille de vin, qu'elle trouve enveloppée dans un papier journal dont elle lit distraitement les petites annonces. Soudain, sa vie bascule : elle remonte les escaliers, éteint le four, prend sa voiture, quitte tout. En chacun d'entre nous repose peut-être, tapie sous l'apparente quiétude quotidienne, la possibilité d'être un jour requis par son premier amour...

Bref ce livre adorable, cette si belle écriture, ça n'a pas la force de "Bord de mer" qui m'a laissé le coeur triste et trop plein. Mais c'est une écriture que j'aime énormément­

[Danielle]

Le dernier, je l'ai lu ! "Premier amour". J'ai bien aimé, l'histoire me touchait parsonnellement beaucoup, mais il me semble avoir été déçue par la dernière partie du livre.

Le premier m'intéresse.

J'ai fini : "La première épouse" de Françoise Chandernagor, belle écriture aussi, une histoire dure écrite avec la précision d'un scalpel...Une femme d'une cinquantaine d'années ne se remet pas de se séparer de son mari, qui va épouser une femme plus jeune, elle lui écrit leur histoire, elle existait par lui, elle croyait le connaître, tout savoir de sa vie et elle découvre plein de zones d'ombre. Un jour petit à petit, elle va découvrir qu'elle existe et que la vie peut encore être belle.

On se sent parfois impudique à entrer ainsi dans sa vie, cette vie qu'elle pense perdre et on a envie de la secouer, de lui dire de réagir...

"C'est moins le récit d'une séparation que celui d'un deuil car être quittée par son mari qu'elle connaît depuis trente ans est pour la narratrice pire qu'un simple divorce. Elle se sent véritablement en deuil d'un vivant sans avoir droit aux consolations d'usage mais elle perd aussi du même coup une famille, des amis et, dans une certaine mesure, ses propres enfants. Bien sûr, elle savait son mari volage mais se croyait inattaquable dans son rôle de première épouse. Ce qu'elle découvre au-delà de l'effondrement dans la douleur c'est l'étendue et l'ancienneté d'une trahison. C'est aussi que même dans la grande bourgeoisie on n'évite pas forcément la violence (elle se retrouvera à l'hôpital) ni le grotesque d'un vaudeville procédurier. L'auteur de L'Allée du roi, ces mémoires imaginaires de Madame de Maintenon, donne ici un livre bouleversant de sincérité et d'autant plus touchant qu'au-delà de la nécessité du deuil, au-delà même de la vengeance contre le mari infidèle, c'est aussi le récit d'un nouvel apprentissage de la vie.

" Divorce ou séparation ? " Lorsque son mari prononce ces mots, Catherine se demande si elle a bien entendu. En vingt-cinq ans de mariage, Francis ne s'est jamais refusé les aventures extraconjugales. Mais ils formaient un vrai couple et, avec leurs quatre enfants, une famille unie. Catherine ne doutait pas d'être la " première épouse ", la confidente, l'âme sœur élue pour la vie. Une vie qui s'effondre quand l'infidélité fait place à la trahison. Contrainte de céder la place à une jeune rivale, elle perd avec Francis les deux tiers de son passé. Du jour au lendemain la voici " veuve ", une veuve qui pleure un vivant tout au long d'un douloureux divorce. Avec La première épouse, Chandernagor livre un roman intimiste sur la rupture, la séparation, et la douleur du renoncement.

[Diane]

Toujours tentant tes lectures Danielle.

[Danielle]

Aujourd'hui, j'ai lu Veuf de Jean Louis Fournier, petit livre adressé à sa femme qui vient de mourir brusquement. C'est joli, souriant et triste, pas larmoyant, mais "vrai".

Un peu rapide peut être comme souvent ses livres, agréable.

"Je suis veuf, Sylvie est morte le 12 novembre, c’est bien triste, cette année on n’ira pas faire les soldes ensemble. Elle est partie discrètement sur la pointe des pieds, en faisant un entrechat et le bruit que fait le bonheur en partant. Sylvie m’a quitté, mais pas pour un autre. Elle est tombée délicatement avec les feuilles. On discutait de la couleur du bec d’un oiseau qui traversait la rivière. On n’était pas d’accord, je lui ai dit tu ne peux pas le voir, tu n’as pas tes lunettes, elle ne voulait pas les mettre par coquetterie, elle m’a répondu je vois très bien de loin, et elle s’est tue, définitivement.
J’ai eu beaucoup de chance de la rencontrer, elle m’a porté à bout de bras, toujours avec le sourire. C’était la rencontre entre une optimiste et un pessimiste, une altruiste et un égoïste. On était complémentaires, j’avais les défauts, elle avait les qualités. Elle m’a supporté quarante ans avec le sourire, moi que je ne souhaite à personne. Elle n’aimait pas parler d’elle, encore moins qu’on en dise du bien. Je vais en profiter, maintenant qu’elle est partie. »

Jean-Louis Fournier souhaitait mourir le premier, il a perdu. Sa femme partie, il n’a plus personne avec qui parler de lui. Alors pour se consoler, ou pour se venger, en nous parlant d’elle, il nous parle de lui."

[Diane]

Celui là je ne le lirai pas,ça me hante parfois que l'un de nous partira avant l'autre... je préfère ne pas y penser.

Mais quand même c'est attirant.

[Danielle]

Tu devrais le lire, parce que ça dit aussi qu'il y a de belles choses encore à raconter et JL Fournier a de l'humour et de la pudeur..

[Diane]

Peut-être... cela démystifie aussi.

[Danielle]

Hier soir, j'ai attaqué Les murs d'une québécoise Olivia Tapiero, une jeune fille anorexique, suicidaire...qui ne veut que la mort ! c'est dur-dur. Jai eu des élèves anorexiques qui se détruisaient, c'est terrible.

Tu connais ce livre, cette auteure ?


"Présentation de l'éditeur
- Dr G m'a déjà parlé de toi, mais j'aimerais entendre ton point de vue sur les choses. - Mon point de vue sur quoi ? - Sur la situation... Pourquoi penses-tu que tu es ici ? - J'ai essayé de me suicider en faisant une overdose de somnifères. - Et est-ce que tu veux t'en sortir ? - Non merci, ça ira.
Biographie de l'auteur
Née en 1990 à Montréal où elle étudie la littérature, Olivia Tapiero a remporté le prix Robert-Cliche du premier roman avec Les murs, qui relate les quelques mois d'hospitalisation d'une jeune fille. Dans une écriture particulièrement maîtrisée et avec une efficacité redoutable, Olivia Tapiero entraîne ses lecteurs dans le long tunnel des pensées de son héroïne, dont le dossier porte la mention " Suicidaire +++ " "

[Diane]

Oui je l'ai lu, c'est très bon et très dur aussi... Il avait remporté le prix Robert Cliche lors de sa parution.

Ça fait à peu près 4 ans que je l'ai lu et je l'ai encore en tête. Si je ne fais pas erreur c'était son premier livre et depuis je n'ai rien lu d'autre.

[Diane]

Naissance d'un pont.
Maylis de Derangal

On embarque facilement dans ces vies diverses, ponctuées de misère, au milieu je m'ennuyais un petit peu. Mais dans l'ensemble j'ai aimé.
C'est bien écrit. C'est original et j'ai beaucoup appris sur la construction d'un pont, ce qu'ils font etc. Mais les phrases sont interminables, longues et remplies de métaphores qui rendent la lecture mois facile.


4" couverture:
« À l’aube du second jour, quand soudain les buildings de Coca montent, perpendiculaires à la surface du fleuve, c’est un autre homme qui sort des bois, c’est un homme hors de lui, c’est un meurtrier en puissance. Le soleil se lève, il ricoche contre les façades de verre et d’acier, irise les nappes d’hydrocarbures moirées arc-en-ciel qui auréolent les eaux, et les plaques de métal taillées en triangle qui festonnent le bordé de la pirogue, rutilant dans la lumière, dessinent une mâchoire ouverte. »

Ce livre part d’une ambition à la fois simple et folle : raconter la construction d’un pont suspendu quelque part dans une Californie imaginaire à partir des destins croisés d’une dizaine d’hommes et femmes, tous employés du gigantesque chantier. Un roman-fleuve, « à l’américaine », qui brasse des sensations et des rêves, des paysages et des machines, des plans de carrière et des classes sociales, des corps de métiers et des corps tout court.

[Diane]

Je fais la critique et je vais comparer avec celle de Danielle plus haut ensuite...


"Pas d'inquiétude"
Brigitte Giraud.


Une fois débuté ce livre, impossible de cesser... c'est une écriture dense, serrée, sans paragraphes, comme d'habitude je n'aime pas. C'est l'histoire de tout ce qui amène la maladie de son enfant dans une vie familiale mais surtout chez le père. Une famille qui perd ses repères peu à peu, ses horaires, sa vie sociale. La maladie n'est jamais nommée. On sait. Personnage qui vit la maladie de façon extérieure...que cette personne soit le père rend la lecture encore plus spéciale.

C'est un livre poignant, rempli d'émotions, confrontation à une situation jamais envisagée pour des parents. Cela met tout le monde en déséquilibre.

Quatrième de couverture : "Mehdi est tombé malade quand nous avons emménagé dans la nouvelle maison. C'est moi qui avais relevé la boîte aux lettres ce jour-là, c'était un samedi matin. J'avais entre les mains l'enveloppe blanche petit format qui contenait des résultats d'analyses que nous ne saurions pas interpréter et qui allaient changer notre vie."


"Je détestais le bonheur des autres. Je me demandais ce que vivaient ces gens, détachés en apparence, dont l'expression ne disait rien de ce qui les occupait, je ne sentais que le nombre, la masse qui arrivait face à moi, molle et dégoûtante, ondulant dans la douleur du printemps. J'avais encore une centaine de mètres à parcourir sur le trottoir bondé, et le mépris pour les autres me fit mal, je pensais être le seul dans la foule à vivre des heures aussi difficiles, je me sentais habité par une mission spéciale, un objectif supérieur et redoutable. "

[Danielle]

Oui, un sacré livre. Je vais lire ses autres livres. J'espère ne pas être déçue...

[Danielle]

Tout à l'heure, j'ai lu d'un trait le petit livre de B. Giraud A présent.


Rentrant d'un bref voyage à Paris en 1999 où elle était venue chez son éditeur signer les exemplaires de presse de son deuxième roman, Nico, Brigitte Giraud apprend que son compagnon, Claude, s'est tué dans un accident de moto à Lyon. Comment dire l'horreur de la disparition brutale de l'être aimé sans tomber dans le pathétique ? Comment évoquer les sentiments que l'on éprouve dans ces moments où l'on est anéanti et réduit comme un automate à exécuter mécaniquement les menus gestes de la vie quotidienne ?
Plus qu'un témoignage poignant, le livre de Brigitte Giraud est un voyage étonnant dans les arcanes de la douleur. Sans effets et avec une pudeur et une sobriété extrêmes, il analyse en particulier cette étrange distorsion du temps que provoque le malheur quand on regrette de s'être quittés sans un adieu, quand il faut bien se résigner à affronter l'avenir puisque le couple s'apprêtait à emménager dans une nouvelle maison et qu'il y a un enfant à élever. Portrait attachant d'un homme que l'on se prend à aimer sans l'avoir connu, À présent n'est pas un livre morbide mais au contraire une bouleversante méditation sur la vie. --Yves Bellec -


Quatrième de couverture
« Nous nous retrouvons à l'ombre du cerisier. Les deux familles, les amis fidèles. Je passe d'une chaise à l'autre, je me lève, je ne sais pas quoi faire de ma peau. Je ne trouve pas ma place. Je suis entourée de tous ceux que j'aime et je suis mal. Je sais que chacun va finir par s'en aller, même tard, même demain. Chacun va retourner à sa vie. Chacun va faire l'amour. Chacun va poursuivre ce qu'il a commencé. »

Cette femme est d'une lucidité, elle exprime les choses que l'on peut ressentir profondément avec une telle vérité. Aucun pathos, aucune larme, ce n'est pas triste c'est vrai...Sidération, incompréhension, état second devant la mort brutale de celui dont on partage la vie depuis 20 ans.

"Pourquoi on ne s'embrasse pas comme si c'était la dernière fois ? Je vais à Paris et il meurt.", j'ai tant de fois pensé ça en quittant de manière anodine quelqu'un de cher.

Et puis la vie qui continue, les gens, les conventions, ce qu'il faut organiser...

J'aime son écriture dense et simple, phrases courtes, percutantes.

Dommage qu'il n'y ait que 120 pages.

[Danielle]

Encore moi, je viens de lire un livre bouleversant et qui m'a appris beaucoup.

Terezin plage d'un jeune danois : Morten Brask

La vie des juifs au camp de Terezin en ex Tchécolovaquie pendant la 2ème guerre mondiale et en particulier le thème des juifs danois.

Depuis je cherche des documents sur ce camp et il n'y a pratiquement rien, pourtant tant d'artistes y sont passés, Robert Desnos (un poète que j'aime) y est mort...

http://www.memoire-net.org/article.php3?id_article=190

Une aberration sortie de l'esprit nazie "une ville modèle pour les juifs". Tout sur le camp y est vrai, même le film de propagande tourné par un cinéaste juif enfermé au camp et qui trompe la Croix Rouge Danoise.

Ce livre est beau, bien documenté, il nous raconte l'histoire du docteur Daniel Faigel, au passé douloureux entre un père rigide juriste et une mère folle, il est emmené à Terezin et les récits se mêlent comme dans la mémoire qui à propos d'un mot, d'une image nous entraîne du présent au passé.

Au milieu de ces horreurs, il y a Ludmilla dont le seul regard a fait basculer sa vie. Ludmilla qui elle aussi a un passé si douloureux et qui croit quand même qu'on peut recommencer...

Vraiment un beau livre, à l'écriture limpide, réaliste et pudique...


"Je suis là, les yeux fermés, et autour de moi je sens l'océan et le soleil et l'écume des brisants et les vagues qui me font osciller d'avant en arrière, d'arrière en avant. Quand je m'éveille, l'océan n'est plus là. Le fracas que j'entends est celui des roues du train à bestiaux, le flux et le reflux du wagon qui grince et tangue." Dès son arrivée en 1943 à Terezin, Daniel Faigel, jeune médecin danois hanté par un lourd passé, se retrouve plongé en enfer. Présentée par les nazis comme une "colonie juive modèle", la ville sert en réalité de zone de transit vers des camps d'extermination. Affecté à l'hôpital du ghetto, Daniel passe ses journées à essayer d'arracher à la mort et aux déportations quelques-uns de ses patients. Parmi eux se trouve Ludmilla. L'amour qui naît entre eux leur donne la force de supporter un quotidien ponctué par la peur de faire partie du prochain convoi, dont on sait intuitivement qu'on ne reviendra pas. Comme tous les habitants du ghetto, les deux amants vont bientôt devoir prendre part à une gigantesque mascarade orchestrée par les nazis : l'embellissement du camp en vue d'une inspection de la Croix-Rouge. Saisissant tableau de la vie dans un camp qui servit de vitrine à la propagande nazie, ce roman, écrit dans une langue limpide, met en scène le destin de deux êtres happés par l'histoire, qui s'accrochent à l'espoir, coûte que coûte.

[Diane]

Cela semble très intéressant Danielle.
_______________________________________________________________________________________________________________________________________________

Précoce automne.
Louis Bromfield
Libretto

Je met la critique de mon ami Jean-Michel, c'est lui qui m'a offert ce livre.

Une jeune femme, mariée au dernier rejeton d'une vieille dynastie de la Nouvelle-Angleterre, découvre l' enfer derrière la façade de respectabilité et de puritanisme de sa nouvelle famille. Lucide, elle manquera cependant de la force nécessaire pour s opposer et n aura ensuite de cesse que de permettre à sa fille devenue adolescente, d échapper à une telle prison : un combat, dans une « bonne » société américaine à la violence bien réelle, autrement plus risqué qu'elle n aurait pu l'imaginer...
Biographie de l'auteur

Né le 27 décembre 1896 dans l'Ohio, Louis Bromfield étudie l'agriculture puis le journalisme avant d'être appelé sous les drapeaux. Il devient ensuite reporter et publie son premier roman, La Colline aux cyprès, en 1924. La célébrité est immédiate. La trentaine de ses romans furent tous des best-sellers. Louis Bromfield est mort le 18 mars 1956 dans sa ferme de l'Ohio.

Une famille bourgeoise sur le déclin, de vieux secrets enfouis, des rêves inassouvis et d'impossibles désirs d'émancipation vis à vis d'une dynastie étouffante. Des haines dissimulées.... ce livre, plein de non-dits, bénéficie d'une admirable écriture et mérite son prix Pulitzer 1926.
Les phrases sont merveilleusement ciselées et rendent parfaitement les sentiments de nostalgie et de regrets qui baignent le roman.
Tout est dans l'atmosphère lourde et oppressante et l'apparente immobilité de l'histoire cache bien mal les orages intérieurs.
De cet auteur j'avais déjà lu il y a très longtemps "La Mousson" et "La Colline aux cyprès" (où sont-ils passés ?)
mais ce livre et, je crois, de loin mon préféré.
Quel style !

[Diane]

"Dis oui, Ninon"
Maud Lethielleux.
J'ai lu.

Quelle écriture jouissive à lire. Un peu comme lors de la découverte d'Ajar.
La petite fille qui croit que les gens l'appellent "Mon dieu mon dieu"...quelle belle vie de bohème, en toute liberté, avec les bêtes et la nature. Quand les parents ont divorcé elle a voulu aller vivre avec son père, une espèce de rêveur qui décide de leur bâtir une maison à partir de rien. La mère inquiète, les parents un peu enfants aussi, analysés par les yeux et la compréhension d'une petite fille de 9 ans. Drôles et adorables trouvailles de mots et d'expressions.

"C'est très triste de grandir, ça donne envie de pleurer sans larmes"

"Mémère elle dit que Zélie est une sale lope. Moi, je dis que c'est pas vrai du tout puisque ma mère se lave toutes les semaines au moins"

Son papa lui parle de "vague à l'âme" qu'elle interprète aussitôt comme "des vagues à larmes"

Sa vie de petite fille négligée est spéciale, elle a une communication réelle avec les animaux ce qui n'était pas pour me déplaire. La mère porte plainte à l'assistance sociale. Les gens la croient malheureuse.
Elle s'est créé une vie à sa mesure. Je ne vais pas vous en parler davantage, c'est un si beau petit livre à lire, il faut le découvrir.

[Danielle]

Il m'interesse bien celui-là...Merci Diane.

[Diane]

Cristal qui songe.
Theodore Sturgeon


Cadeau d'un ami que ce science fiction, pas du tout mais alors là pas du tout mon genre de livre. Je ne pensais pas le lire et pourtant j'étais curieuse.
Je vais devoir changer mon aversion pour ce genre de livre, je m'amusais beaucoup à entrer dans cette écriture spéciale.

Au début déjà j'avais hâte à la vengeance, j'étais bien loin de me douter de ce qui se passerait tout le long du livre...et me voilà prise dans le récit. La petite naine Zena si sympathique et tous ces monstres.
Bref souvenirs de cirques de nos enfances avec ces femmes à barbe etc.etc. Étrangeté surréaliste. Bref j'ai aimé finalement.

résumé:
Horty Bluett, un jeune enfant adopté, est renvoyé de l'école. Motif : il mange des fourmis. Cet événement pousse son père adoptif, le juge Armand Bluett, à l'enfermer dans un placard. Par accident, il lui sectionne alors trois doigts de la main gauche. Las des maltraitances, Horty se résout à fuguer, n'emportant avec lui que Junky, son diablotin en boîte, un jouet qu'il possède depuis l'orphelinat et qui lui tient à cœur. Après avoir dit au revoir à son amie Kay Hallowell, il est recueilli, puis hébergé par une troupe de cirque ambulant, dirigée par le misanthrope Pierre Ganneval, dit "le Cannibale", un ancien médecin. Au milieu des nains et des autres "monstres" de la troupe, il va petit à petit faire face à son destin, aidé par Zena, la naine qui l'a recueilli dans sa roulotte, tandis que le cruel Ganneval poursuit ses expériences secrètes sur de mystérieux cristaux qui songent...

[Contenu sponsorisé]